Quotas de Pêche : les pêcheurs inquiets
José Jouneau, président du comité régional, demande davantage d'écoute de la part du secrétaire d'État chargé de la pêche. Trois questions à José Jouneau, président du COREPEM - Comité Régional des Pêches et des Elevages Marins des Pays de la Loire.
En tant que président du comité régional des pêches, vous écrivez au secrétaire d'État chargé des transports, de la mer et de la pêche, Alain Vidalies. Pourquoi ?
Le conseil pêche de fin d'année, où siègent armateurs et équipages, a montré son inquiétude à la suite de la communication des quotas (Totaux admissibles de capture ou Tac) de pêche pour 2015. Il m'a paru indispensable que la direction des pêches connaisse la position de la profession sur ce point, avant la réunion du congrès des coopératives maritimes de Port-en-Bessin (Calvados), vendredi prochain.
Cette lettre est une lettre de doléance, et ne doit en aucun cas être considérée comme une lettre de menace. C'est le cri du coeur d'une profession. Une simple demande à être enfin écouté, et que l'avis des professionnels soit respecté.
Qu'est-ce qui motive ces inquiétudes ?
Les quotas de pêche sont définis par les scientifiques de tous les pays qui expriment un ressenti subjectif de la ressource halieutique, d'après divers modes d'évaluation de stocks. Il s'en suit l'établissement de RMD (rendement maximum durable), nouvelle notion imposée par la commission européenne. Des plans annuels sont définis sur la base de trois piliers : social, écologique et économique.
Or, la profession s'aperçoit que seul le côté écologique est retenu, ce qui lui paraît injuste, la seule règle appliquée étant la diminution systématique des quotas, même si les stocks sont reconstitués. On ne relancera pas le secteur par la seule préservation des stocks. Le désengagement de l'État réduit fortement les moyens de gestion.
Les comités des pêches sont les premiers à convaincre les pêcheurs qu'il faut respecter la ressource. Ces marins sont maintenant, et depuis un certain temps déjà, parfaitement convaincus du bien fondé d'une régulation, mais ils estiment avec raison qu'il ne peut pas y avoir de développement durable sans prendre en compte leurs craintes légitimes, que personne ne veut écouter dans les hautes instances.
Des jeunes veulent s'installer, et on dirait que ces instances veulent, au contraire, casser la filière pêche.
Comment envisagez-vous l'avenir ?
Incertain, et un risque d'explosion ne peut pas être écarté, bien que les comités des pêches fassent tout pour l'éviter. Il faudrait que les plans annuels soient pluriannuels, car on veut aller trop vite, ce qui provoque de la casse. Les pêcheurs ont parfaitement compris la nécessité d'une pêche durable, mais sont certains que des plans sur plusieurs années permettraient une meilleure lisibilité, d'atteindre des objectifs précisés et de conserver l'activité de la pêche.
source : Ouest France