Comme le rappelle Soljénitsyne, dans son livre « Deux Siècles ensemble », les chambres à gaz ambulantes, les fameuse douchegoubki furent inventées par le NKVD soviétique en 1937. L’inventeur en fut le juif stalinien Isaï Davidovitch Berg , chef du NKVD de la région de Moscou.
Il existe peu d’informations sur cet intéressant personnage. Là encore, nous devons à Soljénitsyne d’avoir soulevé le coin d’un voile épais cachant ce qui n’était pas censé être exposé aux regards.
Isaï Davidovitch Berg est un rouage du système bolchevique comme il y en eut des milliers. Il n’a dû sa relative célébrité qu’à son esprit ingénieux qui va s’exercer, hélas pour lui, sur un sujet aujourd’hui des plus sensibles.
Voilà un homme qui s’est retrouvé, dans les années 1930 chef du service économique du NKVD pour la région de Moscou. Un poste de responsabilité, certes, mais pas le sommet de l’échelle. Chargé comme il l’était des problèmes économiques, il devait donc veiller à dépenser et faire dépenser le moins d’argent possible. C’est logique.
Nous sommes en 1937, période de grandes purges et de nettoyage à fond. Les exécutions, dans le secteur de Moscou, prennent une telle ampleur que nos braves fonctionnaires ont du mal à suivre. Tous ces ennemis du peuple à fusiller en même temps ! Sans compter toutes les munitions nécessaires pour leur tirer une balle dans la nuque à chacun, ça finit par coûter cher ! Et le temps que ça prend pour les assassiner un par un !
C’est là que va intervenir la cervelle ingénieuse de notre bonhomme. Il va inventer un moyen moins onéreux de procéder. Un moyen simple, mais encore fallait-il y penser : le camion dont les gaz d’échappement sont orientés vers l’intérieur.
Cette invention sera appelée en russe dushegubka, ce qui signifie « chambre à gaz ambulante ».
La procédure était effectivement très simple : les « patients » étaient entassés dans un camion hermétiquement clos renvoyant les gaz d’échappement vers l’intérieur, et c’était parti pour une longue promenade autour de Moscou. A l’arrivée, – ô miracle de la technique – ne restaient plus que des cadavres qui étaient immédiatement escamotés dans un coin discret.
Voilà, ce n’était pas plus compliqué que ça. Et relativement économique, encore que… l’essence…
Eh bien, le croirez-vous, ce rouage pourtant zélé et méritant finira misérablement en 1939, victime lui aussi d’une purge. Quels ingrats !
Ce brave Berg a inventé une application pratique mais, soyons juste, l’idée d’utiliser des gaz pour tuer était plus vieille que lui. Elle démarre en fait durant la Première Guerre mondiale, vite relayée par les bolcheviks qui n’étaient jamais en reste dans ce domaine.
Les gaz seront largement utilisés par eux, souvent contre les paysans réfugiés dans les bois, notamment à Tambov en 1921. Les ordres reçus de Moscou spécifiaient : « Les forêts où les bandits se cachent doivent être nettoyées par l’utilisation de gaz toxique. Ceci doit être soigneusement calculé afin que la couche de gaz pénètre les forêts et tue quiconque s’y cache. »
source : Révolutionnaires Juifs, par Anne Kling
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